De la convergence en réflexion

Mouvement des colibris, Villes en transition, Collectif pour la transition citoyenne, Alternatiba, le temps est à la convergence des luttes. Si la transversalité des sujets écologiques n'est pas nouveau – qu'elle existe dans les foires bio, dans certaines ONG ou partis politiques - ce besoin de fédérer les organisations oeuvrant dans le même sens d'une société plus écologique, plus solidaire et moins consommatrice semble se renforcer à travers ces nouveaux mouvements citoyens.


Alternatiba Tour
 Les raisons en sont multiples et humaines : les bénévoles, les militants le sont pour la plupart dans plusieurs organisations et poussent à faire des ponts. Les « multi-casquettes » sont des forces liantes entre des Attac, des Culture Bio, ou des Clubs Cigales. C'est aussi une façon d'accorder les mouvements avec la réalité : nos systèmes sont complexes et tout est inter-relié. La question climatique en est un révélateur puissant. On ne peut pas continuer à cloisonner les sujets et à ne pas voir les interactions qui existent entre les thématiques déchets et énergie, déchets et alimentation, alimentation et énergie, mobilité et énergie, mobilité et alimentation et j'en passe.


Des entreprises coopératives comme Biocoop l'ont bien compris. Le réseau de magasins bio s'attache à donner de la cohérence à son action au delà du bio : choix d'énergie renouvelable, développement massif du vrac, travail sur l'impact de ses transports. Ils lancent en octobre prochain une journée sur les « Biotonome », ou comment « mieux et moins consommer ». Il s'agit de parler alimentation, bien sûr mais également recyclage, économies d'énergie, solidarité, troc ou encore déplacements doux. Ou comment ancrer le développement de la bio dans une optique de transition générale, au-delà de l'aspect santé.

Pourtant, la concrétisation de ces convergences n'est pas évidente sur le terrain. A Rennes, Alternatiba, ou en 2014 la Journée de la Transition Citoyenne, ont été laborieuses, alors même que le territoire rennais est très riche d'actions en tous genres sur ces sujets. Malgré un démarrage 9 mois avant, un enthousiasme général et un terreau fertile, Alternatiba Rennes n'a pas atteint son objectif de toucher le grand public et affiche un déficit conséquent après son évènement. Pourquoi est ce si difficile ?


Photos @alternatiba Rennes
 Parce qu'en soi, si on est tous d'accord pour dénoncer le cloisonnement de nos actions, sortir de sa thématique pour s'aventurer sur du terrain transversal n'est pas si facile : nos organisations, associations ou coopératives, ont un équilibre économie souvent précaire et leur financement ne provient que du traitement de la thématique initiale (subventions sur projet pour des associations, vente de produits ou de services identifiés pour les entreprises). La tentation est alors grande de laisser les autres donner du temps, même si on sait que l'action collective aura un impact pour son activité propre. Si les salariés, les sociétaires d'Enercoop sont eux mêmes promoteurs de déplacements doux, d'alimentation locale et de réduction des déchets, la coopérative n'a pas la possibilité de devenir chef de file organisateur d'un évènement comme Alternatiba. De même, les bénévoles, déjà engagés dans leur association, peuvent avoir du mal à rajouter à leur agenda des réunions de collectifs d'associations trop nombreuses. Tout le monde joue avec des bouts de ficelle, parvenant tant bien que mal à monter des actions collectives mais sans atteindre l'ampleur que la sommes des énergies collective pourrait laisser espérer. 

Alors, comment accompagner ce mouvement très riche et indispensable à l'émergence de la société de demain ? Comment aider les groupes citoyens, associatifs, à s'organiser pour se faire entendre et changer d'échelle ? Des moyens pour de la coordination pourraient être bienvenus. C'est un peu ce qui est tenté par la Région à travers les « Pôles de développement de l'économie sociale et solidaire », comme Réso Solidaire à Rennes. Mais cela s'adresse aux organisations employeuses de l'économie sociale et solidaire, un pan très institutionnel dans lequel les mouvements transitionnels ne trouvent pas bien leur place. La liberté politique y est bridée par la dépendance aux subventions publiques, alors que la transition nécessite une remise en cause du système politique comme économique. L'attribution de moyens complémentaires aux associations pour consacrer du temps aux actions transversales, sortant de la logique de financement au projet permettrait aussi de donner plus de souffle à ces mouvements. 

Photo by @dansmacuizine
On peut prêter attention aux lieux qui facilitent l'émergence d'initiatives collectives ; des lieux ressources, auto-gérés, qui facilitent les rencontres, les échanges, le débat et permettent l'auto-apprentissage et la prise d'initiative.. A Bazouges sous Hédé comme à Rochefort en Terre ou à Augan, les cafés associatifs et coopératifs sont des lieux de foisonnement alternatif qui peuvent être des leviers d'action collective. Le tout étant pour les pouvoirs publics de ne pas craindre leur autonomie, d'accepter leur contestation éventuelle et au contraire de s'enrichir de ce qui s'y expérimente ; ce sont probablement les germes du monde d'après.

Et vous, qu'en pensez vous? 


Aller plus loin:
Le site des Colibris
Alternatiba
Collectif pour une transition citoyenne
Ma Cop 21, le site du Réseau Action Climat pour la COP21

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